Mon 5è Continent. Joie d’enfant, joie sans prétention, juste du plaisir, “que du bonheur…”. Si je compte bien tout y est au niveau terrestre, au niveau des mers cela fait 3 Océans, me reste à oser le maillot de bain dans les Océans Arctique et Antarctique ….
Je me suis aperçu par hasard il y a quelques heures, sur un Ferry qui me ramenait vers le centre de Sydney que j’avais accosté sur chacun des 5 continents de cette planète Terre. Après quelques heures de marche pour me faire le plaisir d’une vue sublime sur la grandiose baie de Sydney, je sortais d’admirer les surfeurs à Mainly, magnifique plage du Pacifique et je rêvassais sur le ferry..
5 Continents et 3 Océans…Mais encore ?
Et bien il me reste donc à relever le défi des 2 derniers Océans, après tout il me reste de nombreuses et belles années à vivre, et comme je n’ai envie ni d’une grosse voiture ni de 3 écrans plasma (j’en suis resté au plasma mais il y a peut être de nouvelles technologies pour regarder la soupe à la télé ?) ni de ….ça devrait être possible. En fait peu importe d’avoir accosté sur 5 continents, je m’en suis aperçu par hasard parce que je l’ai fait par hasard. Le seul choix conscient, c’est d’avoir choisi de voir le monde, d’essayer de le comprendre. Et la Terre me passionne, du désert de sable au désert de glace, de ses constructions naturelles à celles de l’homme.
Le pied sur le 5è Continent, l’heure d’un premier bilan ? Le terme est excessif, disons une première réflexion. Attention, j’ai peur que ça ne fasse un peu mal…
L’homme ne mérite pas le H, juste le h….Partout s’illustre la négation de l’humanité alors qu’individuellement l’écrasante majorité des hommes est sain, généreux, souriant, serviable…Hommes et Femmes, évidemment…Comment cet être individuellement si généreux peut il se transformer en bête immonde qui tue, vole, viole, qui a pu mettre en esclavage son frère, détruire sciemment son environnement ? Quelles sont ces pulsions mortifères qui nous poussent à nous laisser diriger par des militaires, à voter pour des hommes qui ont mis des intérêts particuliers avant l’intérêt général, qui jouent des sentiments d’appartenance à des nations, des religions, des castes, des familles pour diviser, fracturer et ensuite permettre ou favoriser les guerres, les affrontements en tout genre à des fins claniques, partisanes ?
Il y a de quoi nourrir l’ensemble des hommes, femmes, vieillards et enfants de la planète et toutes les 5 secondes un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. Il y a de quoi soigner toute l’humanité et au Swaziland l’espérance de vie est descendue à 32 ans à cause du Sida. Ne saurait on améliorer les conditions de vie des Palestiniens, Israéliens, Afghans, Tchétchènes…avec les 1464 Milliards de dollars qui ont été dépensés en 2008 au profit des armes sur la planète….
Ce que l’homme a construit, l’homme peut le défaire car en fait il ne s’agit que de choix, la nature ne nous a jamais imposé Hiroshima ni les porte avions de guerre…
Il reste un espoir, mince, que l’homme devienne humain, agisse avec humanité, c’est à dire avec compassion, retrouve les seules valeurs qui vaillent: la fraternité, l’amour. Quelques lieux respirent l’espoir, mais ils semblent étouffés par le court terme, par cet irrésistible besoin de bonheur individuel à tout prix, de consommation outrancière qu’on nous projette à longueur de journée en plein cerveau. Pendant que la publicité nous incite au gaspillage permanent, nous crée de nouveaux besoins (pardon…de nouveaux désirs), 1 000 000 000 d’humains sont sous alimentés… Pourtant que de leçons à tirer de ces innombrables solidarités croisées à travers la planète, solidarités ancestrales dévastées par l’individualisme puis qui se recréent une fois redevenues vitales pour faire face à la misère engendrée par ce monde si inégal.
Nulle critique à quiconque sur son mode de vie ici, mais une vaste interrogation sur notre capacité à modifier notre société pour la rendre plus viable sur le long terme et plus équitable.
Nul ne sera surpris que je n’aie trouvé que dans l’écologie politique les débuts de réponse à ces deux enjeux: permettre la vie sur le long terme (voire maintenant sur le court terme), et permettre à chacun des 6 milliards d’humains de vivre en sécurité qu’elle soit alimentaire, culturelle, physique ou d’opinion.
J’admire toutes ces personnes qui au quotidien trouvent des raisons d’être joyeuses, qui passeront leur vie à sourire, à se sourire à elles-même et à offrir leur sourire aux autres. Ils sont nombreux ceux qui traversent la Vie en donnant plus qu’ils ne prennent, en ne distribuant que du plaisir autour d’eux, qui au quotidien montrent par les actes qu’ils aiment les autres. Sans grade et sans succès populaire mais ô combien ils sont humains…
Cette goutte d’eau de réflexion me ramène aussi à mon histoire: qui aurait pu imaginer qu’un enfant né fils d’ouvrier dans un pays d’usines niché au fond d’une vallée industrielle décimée par la mondialisation, un enfant somme toute banal, puisse avoir la chance de vivre de telles découvertes ? Je ne suis pas un grand de ce monde, ni Ghandi ni Mandela, rien ne restera de mon passage et peu importe car je suis juste un enfant de la Terre. Je suis né au bon endroit au bon moment, quand je compare à quelques milliards d’autres, mes découvertes m’en ont fait prendre conscience… Je n’ai pas de leçon à donner, juste des réflexions à partager et des injustices à combattre. C’est le moins que je puisse offrir en retour à cette Vie qui me sourit tant…
Vue sur un bonheur simple: pêcher dans le Pacifique…Quel joli nom pour un Océan…
Novembre 2013, que reste-t-il de mon voyage en Australie ?
De la nostalgie de ces grands espaces, de cette liberté de mouvement permise par ce continent vide. Les nuits à Sydney, la rencontre avec l’Opéra. Les 6 premiers jours je l’ai sciemment évité, pour pouvoir ensuite le déguster, le contempler, le savourer…arrivé en soirée, le bonheur fut immense de le voir s’illuminer dans la nuit étoilée…quel moment magique que cette visite, cet effleurement, ces caresses sur la pierre, ces caresses photographiques..
La route, la piste, menant à des endroits improbables…loin est un mot qui ne devrait pas exister en France, quand on vit les distances australiennes…
La nature, partout, la nature si belle, si sauvage…la rencontre avec les crocos, un moment de sensations fortes… Ils ont beaux, ils sont forts, ils sont vifs, ils sont tels que dans mon imaginaire, aller les approcher fut intense, le cœur battait…
Les Aborigènes, et ULURU, leur site sacré. Il n’y a pas de mots pour qualifier ce qu’ils subissent, ce qu’ils ont subi. L’humanité n’est pas chez l’oppresseur…
Je me suis senti bien, libre, joyeux, heureux, je me suis senti moi-même…