“Parmi les hommes, beaucoup marchent dans le rang, sans s’interroger au-delà de leur route quotidienne : c’est la vie“. Hervé Ficher.
“Tant d’espérances nouvelles, et souvent naïves, ont surgi avec l’émergence de l’âge du numérique qu’elles remettent en cause le pessimisme, le nihilisme, le cynisme triomphant de la purge postmoderne….nous avons foi dans les ordinateurs”
“L’humanité ne vit pas la poursuite linéaire de son passé, ni d’avantage les synthèses successives de ses contradictions idéologiques et politiques. L’humanité crée constamment son futur sans prévenir personne, de plus en plus rapidement aujourd’hui, non par prolongation, ni contradiction, mais par divergence. Non pas par des hypothèses passéistes, mais par des idées imprévues, des consciences libres, des projets inédits, le plus souvent d’abord marginaux, latéraux, qui s’imposent éventuellement comme une nouvelle voie ou s’engouffrera la majorité. L’humanité ne se survit pas elle même, elle ne se prolonge pas, elle ne résout pas ses contradictions dans des synthèses. Elle s’invente elle-même. Elle se projette dans l’inconnu, elle se crée dans la divergence”
“Les réseaux sociaux…cela ressemble à une pilule de sociabilité qu’on prendrait quotidiennement et qui créerait une dépendance, nous euphorisant un instant dans l’activité fébrile des claviers, mais sans rien guérir.”
Ce livre d’Hervé Fischer est un outil de réflexion. La société s’y réfléchit, et il nous démontre à quel point est étroite la voie de la divergence, à quel point est difficile l’expression hors norme. “ce que nous disent le mythes, c’est que la divergence appelle la punition par les pères incarnant l’autorité et qu’elle ne s’accomplit que dans la douleur.”
La divergence semble pourtant la seule voie, pour sortir de l’emprise d’un capitalisme qui ravage les hommes et la planète, seule voie tellement les forces en place exigeant la domination de l’homme sont puissantes, organisées, sans pitié ni compassion. Intègre toi ou disparais. Travaille, consomme ou isole toi. La troisième voie est étroite, fragile, et excluante.
Il devient difficile de penser le monde, tant il devient complexe, tant les intérêts divergent, tant la pression de la pensée capitaliste unique est forte. Rares sont les vraies divergences, celles qui pensent non pas l’obtention de profits matériels immédiats mais qui vont jusqu’à la remise en question profonde du modèle. Et elles sont noyées, ces rares divergences profondes, sous le joug de la communication omniprésente de la société de consommation, elles sont broyées dans l’étau de l’acceptation sociale, de la soumission volontaire à la norme pour être socialisé, accepté, accueilli par le groupe. Il devient difficile de penser le monde, et de penser les échappatoires au système mortifère dans lequel nous sommes englués. Pourtant les signaux de la divergence doivent bien être présent, sous nos yeux. Emergeront-ils, permettront-il ce qu’Hervé Fischer imagine en sortie : un homme déifié par son éthique planétaire ?
Chaque jour qui passe nous éloigne de la nature, de l’humanité. Chaque jour qui passe les barbelés grandissent autour de l’Europe, le chômage enfle, les déserts avancent, l’eau se raréfie, la pollution gagne, la pression s’accentue sur les défavorisés, les sans, les fragiles…La divergence devra être d’une puissance titanesque, pour nous arracher à la route sur laquelle nous sommes lancés à la vitesse du numérique, et sur laquelle le quantique permettra sous peu une accélération fantastique, bousculant à les fracasser nos certitudes et modes de vie….
Allons nous passer du no future à l’e-futur, ou allons nous vers un no future et un e-future insécables, multiples et mouvants, pris dans une tempête quantique ou les abris seront rares, chers, inaccessibles pour l’énorme majorité de l’humanité ?