1982, j’ai 17 ans, Alan Parker me fait exploser le cerveau, avec le film qui restera « le film qui m’a marqué » : The Wall
The Wall me projette dans le passé, le présent, l’avenir, et l’étouffement dans lequel je suis, coincé à l’époque dans des murs que j’imagine infranchissables : les murs de la ségrégation sociale, les murs de mon quartier, les murs de mes incapacités à vivre pleinement la vie dont je rêve.
J’ai franchi nombre de ces murs, et j’ai vécu. D’autres sont restés coincés dans ces murs. J’ai payé et je paie encore le prix de cette escapade hors de mon monde, hors de mes murs, mais le prix est faible quand je vois la richesse de ma vie et que je la compare aux souffrances de ceux qui sont enfermés, ici et ailleurs.
2005, j’ai 40 ans, je veux comprendre ce qui se passe en Palestine, en Israël. Un deuxième mur m’explose le cerveau, le cœur, l’âme.
Comment peut-on en arriver à cette extrémité, à construire un mur matériel gigantesque, infranchissable, entre deux peuples ? Je suis resté sidéré par ce mur, 15 ans après l’avoir rencontré il me hante encore. Les dégâts qu’il cause sont encore dans ma mémoire, les souffrances qu’il engendre je les ressens encore.
Entre les deux, en 1991, le mur le plus célèbre, Berlin, était tombé…J’ai cru à l’époque que l’humanité se réveillait, fraternisait…Cruelle déception, les fous de guerre continuent à dominer dans d’innombrables endroits sur Terre, des murs continuent à se construire.
Alan Parker est mort aujourd’hui. Je le remercie d’avoir créé ce film, d’avoir mis en images ce magnifique album, ce si dérangeant album de Pink Floyd : il a profondément marqué ma vie et m’a aidé, grâce à lui j’ai appris à me méfier des murs, de tous les murs, ceux qui sont en moi et hors de moi, et j’ai compris l’infinie valeur de la liberté.
Il reste tant de murs à abattre, en nous, entre nous….je ne garderai que cette phrase écrite sur ce mur infâme : make love, not walls